Que la paix soit en nous mes chères sœurs en Humanité et en Dieu,
Il faut une très grande maturité pour être capable d’être parent, car cela implique d’être conscient que ce n’est pas une situation de pouvoir, mais une situation de devoir, et qu’on n’a aucun droit à attendre en échange. -Françoise Dolto-
Aujourd’hui j’aimerais qu’on réfléchisse ensemble à nos attitudes parentales.Nous sommes nombreuses à être tentées de piloter la vie de notre enfant, poussées par l’inquiétude de voir ce que nous avons le plus cher se blesser, se tromper, se retrouver en difficulté. Lorsque les peurs gouvernent nos décisions, elles nous entraînent parfois dans l’inefficacité, la surprotection, et peuvent même susciter la rébellion. Être parent d’un enfant devenu un jeune adulte revient à adopter une posture de générosité en se rendant disponible, en affrontant avec eux les difficultés lorsqu’ils demandent notre aide. En d’autres termes, c’est accepter d’être un copilote dans la construction d’un avenir qui leur appartient.
Quel jeune nous ne souhaitons pas avoir? Que souhaitons-nous leur enseigner?
Quel comportement aimerions-nous que nos jeunes adoptent ? Dans cet article je partage avec vous les attitudes parentales à court terme, et l’attitude parentale à long terme à développer pour accompagner notre enfant à devenir un adulte responsable et autonome mais surtout épanoui.
Mais pour commencer : Un poème inspirant
Et une femme qui portait un enfant dans les bras dit : Parlez-nous des Enfants. Et il dit : Vos enfants ne sont pas vos enfants. Ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à elle-même, ils viennent à travers vous mais non de vous. Et bien qu’ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas. Vous pouvez leur donner votre amour mais non point vos pensées, car ils ont leurs propres pensées. Vous pouvez accueillir leurs corps mais pas leurs âmes, car leurs âmes habitent la maison de demain, que nous ne pouvons visiter, pas même dans vos rêves. Vous pouvez vous efforcer d’être comme eux, mais ne tentez pas de les faire comme vous, car la vie ne va pas en arrière, ni ne s’attarde avec hier. Vous êtes les arcs par qui vos enfants, comme des flèches vivantes, sont projetés. L’Archer voit le but sur le chemin de l’infini, et il vous tend de Sa puissance pour que Ses flèches puissent voler vite et loin. Que votre tension par la main de l’Archer soit pour la joie ; car de même qu’Il aime la flèche qui vole, Il aime l’arc qui est stable »
Ce poème de Khalil Gibran dans son recueil « Le Prophète », nous fournit une illustration très belle, et très juste de ce à quoi peut ressembler une attitude parentale encourageante. Toutes les pistes de réflexion, tous les outils suggérés dans ce blog s’inspirent de plusieurs ouvrages qui s’ancrent dans le respect de l’adulte et du jeune, pour essayer d’apporter des réponses aux défis d’aujourd’hui et aider nos jeunes à affronter les difficultés qui font inévitablement partie de la vie.
Les attitudes parentales à court terme
- Attitude parentale sévère et autoritaire (en contrôle)
Dans une attitude parentale de contrôle, les rapports parents/jeunes sont dictés par le principe de hiérarchie : le parent pense qu’il est de sa responsabilité de contrôler son enfant. Dès qu’il sort d’un cadre vertical d’obligations et d’injonctions, le parent habitué à une attitude autoritaire redoute de s’exposer aux affres de la permissivité. Une foule d’inquiétudes souvent légitimes surgissent alors et poussent le parent à garder ou reprendre le contrôle. Il agit ainsi avec la conviction de servir le meilleur intérêt de son enfant. Dans les modèles établis, les outils du contrôle sont bien souvent la punition et le retrait de privilèges.
Que faisons-nous dans les cas où les jeunes transgressent les règles : interdire les sorties, supprimer l’argent de poche, mais aussi vous cessez d’exprimer votre amour ou votre approbation. Les mesures disciplinaires prendront parfois la forme d’agressions physiques ou émotionnelles. Le contrôle autoritaire peut donner l’illusion d’une mission parentale réussie. Mais ce serait nier les effets à long terme sur les jeunes.
En règle générale, les jeunes dont les parents exercent un contrôle très fort ont tendance à :
- Se rebeller, ou au contraire se soumettre par peur
- Croire que pour être aimé de leurs parents ils doivent sacrifier ce à quoi ils aspirent.
- Eviter toute contribution à la vie de famille à moins qu’il y ait une récompense à la clé.
- Passer maître dans les manipulations en espérant des récompenses toujours plus importantes.
- Développer un référentiel externe et donc leur dépendance à l’approbation d’autrui.
- Penser que la force fait le droit.
Cette attitude engendre également de la fatigue pour le parent car elle demande une attention sans relâche. Le parent s’impose la charge de rectifier les actions qui lui paraissent inappropriées ou, à l’inverse, de récompenser les comportements conformes à ses attentes. Cette attitude fait croire au jeune que l’adulte n’est de son côté uniquement que lorsque le jeune fait exactement ce qui lui est demandé. L’amour est alors perçu comme conditionnel et le défi devient difficile à résoudre : comment peut-il découvrir par lui-même qui il est tout en restant soumis à la volonté de ses parents ? Quelle responsabilité reste-t-il alors à ses jeunes ? Ne pas se faire prendre ? Séduire et manipuler pour obtenir une gratification ? Refuser de se soumettre lorsqu’ils estiment que le jeu n’en vaut pas la chandelle ?
Il est difficile pour nombre d’entre nous d’entendre que le contrôle et la punition ne sont ni respectueux du jeune, ni efficaces dans le temps, ni cohérents d’ailleurs avec des choix éducatifs avec une vision de long terme. (Je rappelle cette vision dans l’article « C’est de la faute des parents »). Si le pouvoir ne s’équilibre pas dans un mouvement de responsabilité partagée, le jeune ne peut pas apprendre à devenir responsable de ses conduites, à se discipliner, à intégrer les limites et à tirer des enseignements de ses erreurs. L’excès de contrôle risque d’engendrer à long terme l’irresponsabilité de celui qui doit s’y soumettre.
Réfléchissons ensemble : le jeune qui aujourd’hui se soumet au contrôle exercé par ses parents ne sera-t-il pas tenté demain de contrôler cette responsabilité à d’autres, qui prendront le contrôle de ses décisions ? Il risque une vie attachée à poursuivre une entreprise qui ne sera jamais pleinement la sienne avec des répercussions parfois désastreuses dans la vie de couple, en famille, dans son parcours professionnel. Poursuivre son processus d’individualisation bien au-delà de cette période de transition a un coût élevé, tant en termes de temps que d’énergie ; une thérapie peut s’avérer nécessaire. L’enjeu devient alors d’intégrer dans un cadre sécurisant les compétences socio-émotionnelles manquantes.
Ce sont là de grands défis : comment se donner la permission de se séparer des images parentales ? Comment abandonner ses croyances erronées, ne plus être dépendant de l’approbation des autres pour se sentir aimé ?
- Attitude parentale permissive, hyper protectrice, de sauvage
Les parents qui cherchent à répondre à toutes les attentes de leurs enfants, à supprimer systématiquement du parcours toute souffrance et toute douleur peuvent avoir l’impression d’avoir bien accompli leur mission. Cependant ce mode de fonctionnement axé sur les bénéfices à court terme empêche les jeunes de développer les compétences sociales nécessaires à long terme pour mener une vie d’adulte riche et constructive. Comment, par exemple, développer indépendance et résilience dans un tel contexte ? Apprendre que l’on peut survivre et grandir au travers des difficultés et blessures de la vie donne de la profondeur et davantage de force à celui ou celle qui en fait l’expérience.
Les jeunes élevés dans la permissivité, convaincus que tout leur est dû, que leurs parents seront toujours là pour les sortir d’un mauvais pas, peuvent avoir tendance à :
- Tout attendre d’autrui
- Confondre amour et le besoin qu’ils ont d’être pris en charge
- Etre plus intéressés par la possession que par la relation
- Développer la croyance « Je ne sais pas gérer la frustration et je ne tolère pas d’être déçu(e) »
- Penser qu’ils ne sont pas capables
Une attitude permissive /hyper protectrice/de sauvetage peut créer l’image illusoire d’un parent idéal aux yeux des jeunes sensibles à cette liberté dénuée de responsabilités. Au moins temporairement. Car il y manque cet élan essentiel qui permet au jeune de « voler vite et loin ». Dans un premier temps, le choix d’une attitude parentale plus équilibrée sera peut-être interprété par le jeune comme un signe de désintérêt, voire d’un manque d’amour. Cette phase n’est que transitoire, car les jeunes savent intuitivement ce dont ils ont besoin sur le long terme.
Prenons quelques minutes pour penser aux situations dans lesquelles nous avons conscience d’être sur-impliqués dans la vie de notre jeune. N’en tire-t-il pas, de son côté, la conviction de ne pas être capable, de ne pas pouvoir se débrouiller seul ? Et si nous choisissions une ou deux actions, à la fois fermes et bienveillantes, à mettre en place pour inverser la tendance ? La fermeté correspond simplement au respect du monde de l’adulte et de la situation, oublié dans le « tout est permis ». La bienveillance quant à elle se traduit par :
- l’empathie
- le fait de prendre du temps pour les apprentissages;
- la recherche de solutions en coopération avec le jeune;
- la confiance que nous leur accordons pour résoudre ce qui leur appartient
Le yoyo : autoritarisme et permissivité alternés
Comment éviter cette danse entre autoritarisme et permissivité ? Entre deux fonctionnements tout aussi axés sur le court terme l’un et l’autre ? Parfois, c’est un sentiment de culpabilité après trop de dureté qui nous fait basculer dans la permissivité. Attention car cette attitude ouvre les portes à la toute-puissance du jeune, à la liberté sans responsabilité. Tout est dû, dans une absence totale de contribution de la part du jeune.
- Attitude négligente : lorsque l’on abandonne toute responsabilité parentale
Cette attitude n’est pas non plus une façon saine d’aider le jeune dans la quête de son indépendance. Elle peut se traduire de différentes façons, allant de l’excès de travail, à l’abandon. Parfois la négligence est le résultat du désespoir, d’un sentiment d’incapacité profond, accompagné de la croyance que quoi que l’on fasse on ne s’en sortira pas, donc que ce n’est même pas la peine d’essayer. Elle résulte souvent d’une sensation qu’il est trop dur d’être parent. Le jeune se sent abandonné et peut penser qu’il doit assumer lui-même les responsabilités parentales.
Voici ce que le jeune risque d’apprendre de ce contexte :
- Je ne vaux rien et ne mérite probablement pas d’être aimé
- Les seuls choix possibles pour moi sont : soit j’abandonne tout, soit je cherche un autre cercle d’appartenance (de façon constructive ou destructive).
- C’est de ma faute si mes parents ne m’accordent aucune attention. Il faut que je m’améliore et que je me conduise conformément aux attentes de mes parents pour mériter leur amour. Il faut que je fasse mes preuves pour être aimé et reconnu.
- Je ne peux pas me comporter comme un enfant parce qu’il faut bien qu’il y ait une personne responsable dans cette maison ! Et comme il n’y a personne d’autre …c’est à moi de m’occuper de mes frères et sœurs, et de mes parents.
Baisser les bras est une autre forme de négligence assez courante, qui consiste à ignorer les comportements inadéquats des enfants en espérant que le temps arrange les choses. Ce n’est généralement pas le cas. Peu importe le nombre de fois où les jeunes répètent qu’ils veulent qu’on les laisse tranquilles sans empiéter sur leur espace d’évolution, qu’ils peuvent très bien faire sans nous, derrière ce langage de surface et cette quête d’autonomie se trouve aussi l’envie et le besoin d’être guidés. Ils ont encore besoin d’un copilote, d’un parent qui participe à leur devenir de façon respectueuse, ferme et bienveillante. Le jeune peut facilement donner l’impression qu’il n’écoute rien, et ce ne sont que des jours, des semaines, parfois même des années plus tard que l’on trouve dans ses choix et ses actions la trace de notre transmission.
Attitude parentale à long terme
1. Attitude parentale exemplaire : Luqman
Nous avons effectivement donné à Luqmān la sagesse: «Sois reconnaissant à Allah, car quiconque est reconnaissant, n’est reconnaissant que pour soi-même; quant à celui qui est ingrat… En vérité, Allah se dispense de tout, et Il est digne de louange». Et lorsque Luqmān dit à son fils tout en l’exhortant: «Ô mon fils, ne donne pas d’associé à Allah, car l’association à [Allah] est vraiment une injustice énorme. Ô mon enfant, fût-ce le poids d’un grain de moutarde, au fond d’un rocher, ou dans les cieux ou dans la terre, Allah le fera venir. Allah est infiniment Doux et Parfaitement Connaisseur. Ô mon enfant accomplis la Ṣalāt, commande le convenable, interdis le blâmable et endure ce qui t’arrive avec patience. Telle est la résolution à prendre dans toute entreprise! Et ne détourne pas ton visage des hommes, et ne foule pas la terre avec arrogance: car Allah n’aime pas le présomptueux plein de gloriole. Sois modeste dans ta démarche, et baisse ta voix, car la plus détestée des voix, c’est bien la voix des ânes».
Pour préparer nos jeunes à devenir des membres épanouis et autonomes de leur communauté, nous sommes invités à nous placer de leur coté et à faire davantage l’effort de rentrer dans leur monde. Parfois la certitude de savoir les enjeux et ce qui les aide à cheminer vers une pleine réalisation d’eux-mêmes.
Éduquer des jeunes est un art qui demande un véritable engagement de notre part. Si nous voulons adopter une attitude parentale ferme et bienveillante, cela nous demande de tourner notre intérêt et notre énergie vers les résultats à long terme de nos choix éducatifs, et non plus nous concentrer sur la recherche d’effets immédiats. Il faudra pour cela combattre notre aversion pour les imperfections, qui font pourtant partie du processus. Avec de la patience une bonne communication, nous insufflerons à nos jeunes le courage nécessaire pour devenir des adultes responsables.
2. Attitude ferme et bienveillante
Cette attitude appelle le parent à accepter les limites de son rôle, accompagner sans essayer de contrôler les comportements de son jeune. Loin d’être subie dans la passivité, cette posture s’appuie sur la confiance et nous invite à ne plus faire ce qui ne marche pas. L’enjeu n’est plus tant d’obtenir des résultats immédiats mais de se centrer avec amour et confiance sur le lien qui se tisse dans la durée entre le parent et son enfant pour un bien-être partagé. Si on permet aux jeunes de s’entraîner avec la confiance et le soutien de l’adulte, ils deviennent peu à peu capables de prendre les situations en mains par eux-mêmes et de se débrouiller de façon autonome.
Nous devons choisir une attitude parentale bienveillante permettant d’aider le jeune à transformer les difficultés d’un monde rempli d’incertitudes en opportunités, d’apprendre l’essentiel des compétences qui l’aideront à faire face aux défis, à être heureux quel que soit le contexte. Être du côté de son jeune, c’est se donner la chance d’être en lien : un lien qui intègre les valeurs et les besoins du jeune tout en offrant une présence souple et efficace pour inculquer le respect du cadre.
L’Islam encourage la modération dans chaque aspect de la vie.
Et aussi Nous avons fait de vous une communauté de justes pour que vous soyez témoins aux gens, comme le Messager sera témoin à vous. [Coran 2/143]
En s’appuyant sur ce verset, les parents bienveillants et fermes sont ceux qui atteignent le juste équilibre entre les soins à donner et les limites à établir. Ils restent fermes dans les limites qu’ils offrent, et ils donnent une certaine liberté à leurs enfants à l’intérieur de ses limites. Notre objectif consiste à développer nos forces, à réduire nos faiblesses et à essayer d’adopter cette attitude. Pour nous aider à entreprendre ce changement, je vous propose d’y réfléchir pour le prochain article si Dieu le veut.
Entraînez-vous Fiche.outil.attitudes.parentales_ansariya.com
À lire / Mes écrits sont tirés de ces ouvrages : → La sourate « Luqman, Coran 31 → »La discipline positive pour les adolescents » de Jane Nelson & Lyann Lott → »L’art d’être parent en Occident » Du Dr Ekram et Dr Mohamed Rida Beshir
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Salam okhty mariama
Je suis contente de lire ton article bien structuré Qu’ Allah t’aide à guider les parents dans l’éducation de leurs enfants.amiine
Walaykum Salam, Barakalaoufik.
Amin, j’espère qu’il nous permettra d’être de meilleure éducatrice pour la nouvelle génération. Encore merci pour votre engagement à lire et prendre le temps de partager votre réflexion 🙂
Mariama.
Salam aleykoum désolé j’ai mis du temps à commenter je voulais simplement dire que se toujours un plaisir de lire tes article qui aides énormément dans la vie de tout les jours et dans l’éducation des enfants
Salam’aleikom,
MachaAllah, ça a le mérite de remettre en question une certaine vision de la parentalité (bien que je le sois pas lol)
BarakAllahufiki !
Walaykum Salam, Asma. Merci d’avoir pris le temps de partager ta réflexion et oui, beaucoup blâme les parents mais c’est un véritable combat d’être parent. Qui demande beaucoup de courage de la détermination, une bonne connaissance de soi et une totale confiance en Dieu pour nous accompagner dans ce long chemin. Que Dieu facilite.